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Mary et Max : un petit bijou

Pour commencer, des petites données contextuelles.

Mary et Max est un film australien de Adam Elliot, notamment connu pour… rien d’autre.

C’est un film d’animation, dont la technique n’est pas sans rappeler les merveilleux Wallace et Gromit. Les voix des personnages ne sont en revanche pas inconnues, puisqu’on retrouve la fine fleur du cinéma australien, à savoir Toni Collette (Muriel, Little Miss Sunshine), Eric Bana (Munich, La Chute du Faucon Noir), mais aussi Philip Seymour Hoffman, auréolé récemment pour sa performance dans Truman Capote (enfin récemment, à mon échelle, pas à celle d’Hollywood).

Mary et Max raconte les échanges épistolaires d’une petite fille australienne, habitant dans une toute petite ville, et d’un homme d’une quarantaine d’années, vivant dans un building de Manhattan, sur une vingtaine d’années.

J’ai parlé de Wallace et Gromit, et il est vrai que certains points communs sont présents: la technique d’abord, mais aussi la loufoquerie. Les personnages sont cartoonesques, leurs maisons de bric et de broc. Mais la comparaison s’arrête là. Car là où Wallace et Gromit se contentent de l’humour pour nous scotcher à l’écran, Mary et Max se paye le luxe d’y ajouter de l’émotion, de la profondeur, et même parfois de la tristesse.

La vie des deux protagonistes ne se déroule pas dans un univers coloré, joyeux. Manhattan est grise, du début à la fin, tandis que l’Australie est marron, couleur qui accompagne Mary tout au long de sa vie. Ils n’ont pas d’aventures extraordinaires et farfelues, ils vivent des vraies vies de personnes normales, ponctuées de difficultés que la vie apporte parfois.

Ce qui change, c’est le regard. Car dans le regard de Max, Manhattan n’est pas grise et triste, elle est surtout difficile à comprendre. Dans le regard de Mary à 8 ans, sa famille ne part pas en lambeaux, ses parents ont simplement des hobbys un peu particuliers. Ce qui unit les deux personnages, c’est leur besoin d’avoir un ami, dont ils sont dépourvus chez eux. On ne peut s’empêcher d’éprouver de la tendresse, à la fois pour cet homme perdu dans la grande ville, et pour cette petite fille qui découvre petit à petit la vie, simplement avec ses yeux d’enfant, sans autre influence extérieure pour la guider.

Mary et Max réussit ainsi à nous faire rire, dans le décalage des points de vue par rapport aux événements extérieurs, à nous toucher, dans la manière dont les deux personnages se serrent les coudes, et deviennent amis à 12000 km de distance, et à nous émouvoir franchement, quand ces héros fragiles se heurtent aux plus dures des épreuves de la vie.

Mary et Max prend un risque: ne pas passer par différents niveaux de lecture pour délivrer son message, un classique des films d’animation, notamment chez Pixar. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça marche. Arriver à faire rire quand on pleure, et à faire pleurer quand on rit, c’est pour moi la marque des chefs d’oeuvre.

Bref, foncez, vous ne le regretterez pas.

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